La presse et le Niger
L’armée nigérienne aurait exécuté de manière extrajudiciaire au moins
16 civils et deux journalistes ont été arrêtés en raison de leurs liens
présumés avec le Mouvement des Nigériens pour la justice, (MNJ)",
indique Amnesty International dans un rapport publié dimanche.
L'organisation internationale de défense des droits de l'Homme épingle
ainsi les autorités de Niamey, accusées de "détentions arbitraires, de
tortures et d’homicides, d’atteinte à la liberté d’expression", dans le
cadre de la gestion de la crise du Nord.
"Des dizaines de civils ont été arrêtés
par les forces de sécurité et de défense dans la région d’Agadez et
certains auraient été torturés. Ces arrestations ont bien souvent fait
suite à des attaques du MNJ", ajoute le rapport de AI.
La
plupart ont été remis en liberté après plusieurs jours ou semaines de
détention sans inculpation ou jugement, souligne le document qui
indique toutefois qu’au moins cinq d’entre eux dont Issoufou Matachi,
ancien dirigeant d’un groupe d’opposition armée touareg, ont été
transférés et détenus à Niamey en septembre 2007.
Selon Amnesty
International, entre janvier et décembre 2007, trois hommes âgés de
soixante-cinq à quatre-vingt-cinq ans ont été tués à Tizirzait (région
d’Agadez) par les forces de défense et de sécurité.
"Ces
homicides, note Amnesty, seraient imputables au fait que l’une des victimes
était en possession d’un téléphone satellitaire, ce qui aurait éveillé
des soupçons quant à d’éventuels liens avec le MNJ".
"En
décembre, sept hommes, qui se rendaient à Agadez en voiture, ont été
arrêtés par des éléments des forces de sécurité et tués. Leurs corps
portaient de nombreuses marques de tortures y compris des brûlures de
cigarettes, ainsi que des traces de blessures par balles au visage et à
la poitrine", affirme le rapport.
En outre, Amnesty Iinternationnal évoque les
mesures d’interdiction dirigées contre les médias, précisant que deux
journalistes, à savoir Moussa Kaka, correspondant de Radio France
internationale (RFI) au Niger et Ibrahim Manzo Diallo, directeur de
publication de l’hebdomadaire, "Air Info" ont été arrêtés et jetés en
prison pour leurs liens présumés avec cette insurrection armée.
Depuis
février dernier, Ibrahim Manzo Diallo a été mis en liberté provisoire,
tandis que Moussa Kaka, inculpé "d’atteinte à la sécurité de l’Etat"
croupit encore à la prison civile de Niamey et risque la détention à
vie, ajoute le rapport d’Amnesty International.
Au plus fort de
la crise du Nord, rappelle-t-on, le président Mamadou Tanja avait
décrété une mise en garde pour la région d’Agadez, une mesure qui vient
d’être reconduite et qui donne carte blanche aux forces de défense et
de sécurité pour agir.
article publié dans "en vouature simone"